Une dame au château de Montsoreau

Marie Bulsa


"Je m'approche du Château Blanc. Il me rappelle des souvenirs, mais est-ce mon imagination ou vraiment des souvenirs ? Tout est confus dans ma tête".

"Quelle splendeur ! Je me souviens, je m'y suis installée en 1575".

"On dirait que des gens festoient. Ils ne sont pas habillés comme moi. Ils admirent mon château avec le soleil qui se reflète sur la pierre blanche".

"J'ai toujours aimé monter sur les toits. Je peux admirer ma belle Loire qui scintille le soir. Elle me fait rêver".

"Je n'entends pas le bruit des sabots des chevaux dans les rues de la ville comme si je me trouvais dans un monde différent".

"La nuit commence à tomber et les ombres des arbres gagnent la Loire".

"Mais qu'est-ce donc ? Mes meubles ont disparu pour laisser place à des tables portant des objets curieusement divins. Des personnes parlent d'un musée ici à Montsoreau dans mon château".

"Je ne m'y retrouve plus. Je suis pensive en regardant la Loire. Je ne sais plus qui je suis. Diane ou Françoise ? Ces deux prénoms trottent dans la tête."

"Les pièces ont changé, mais je sens encore la chaleur des lieux".

"Je crois que les souvenirs me reviennent. Je m'appelle Françoise de Maridor, épouse du Comte de Montsoreau Charles de Chambes".

"Alors pourquoi Diane ?
J'ai enfin trouvé un livre sur un chevet, un livre d'Alexandre Dumas intitulé "La Dame de Montsoreau" dont l'héroïne se nomme Diane de Méridor. Je crois qu'il parle de moi".

"La cheminée n'est pas en fonction. Alors je m'imagine devant le feu crépitant et j'ai moins froid à présent. Je peux m'assoir et lire mon histoire romancée par Alexandre Dumas".

"Ils ont refait la charpente avec des matériaux qui me sont inconnus. C'est plutôt réussi".

"Ils ont retrouvé des éléments anciens du château et les ont exposés. Lorsque je pose ma main dessus, je redeviens Françoise et les souvenirs refont surface".

"Oh une maquette de mon château de Montsoreau. Plus qu'un château c'est l’œuvre de Jean de Chambes".

"Et la nuit tombe sur la Loire. Bientôt la fée des fleuves et rivières va nager au gré des courants d'eau et moi je m'endormirai en rêvant de Bussy d'Amboise".

"Je regarde la ville s'endormir au pied de la Loire méfiante, sous ce ciel embaumé de mille couleurs luisantes".

"La fée défie les bancs de sable et les courants. Elle remonte sur la rive en chantant".

"Ses yeux sont argentés,
sa peau est dorée.
Elle n'est pas fragile,
elle veille sur la ville".

"Elle lance sur les habitants des paillettes enrobées,
de douceur pour leur donner des rêves enchantés".
"Et moi, l'âme perdue de Françoise de Maridor,
je reste entre les murs de Montsoreau,
pour rêver de mon merveilleux château".