Gevangenpoort museum Den Haag - Attention sensibilité - Arrêté pour hérésie

Marie Bulsa


"Il faisait beau pourtant ce matin lorsque le cortège est passé devant moi. Je suis jeune, à peine la vingtaine, je reviens d'un voyage en bateau. L'inquisition vient de m'arrêter. Je n'en connais pas encore la raison."

"Mon cœur s'emballe. Les murs sont si étroits. J'ai peur. Mais qu'ai-je donc fait ? Il fait si sombre ici."

"Les escaliers n'en finissent pas. il y a un chat noir qui se promène. Est-ce un mauvais présage ?"

"Je regarde par la fente de la fenêtre en écoutant les jeux de clés du garde s'entrechoquer"

"Le temps s'est assombri dehors ! Reverrai-je un jour l'extérieur ?"

"Dans une pièce, on fait la cuisine pour les riches prisonniers. Je n'ai pas faim. J'ai comme une boule à l'estomac."

"J'arpente les couloirs étroits de la prison. Je n'entends que cris et plaintes."

"On me montre ma cellule. Elle est déjà remplie de gens. Personne ne sourit. Un homme m'a salué, il n'a plus de langue. Je crois qu'ils lui ont coupée."

"Le garde me montre le petit coin avant de me pousser à l'intérieur. La cellule pue la sueur et les excréments. L'odeur est une infection. Elle se mélange à l'odeur de la cuisine. Nous sommes au régime pain et eau."

"On me mène dans une salle où siège des juges et des hommes d'église. Mes yeux sont aveuglés par la lumière après être sorti de ma cellule sombre. On me parle d'hérésie. J'ai nié ces propos."

"Ils évoquent tous les chefs d'accusation. Je ne comprends pas, je n'ai rien fait de tout ça. Ma condamnation est tombée. je suis condamné à mort par la roue pour hérésie. Ils me passeront par la question. Ils me font signer ma sentence."

"Ma vue se trouble et j'essaie de me concentrer sur un tableau pour ne pas défaillir."

"Ils me renvoient en cellule. Mes yeux sont en larmes. Ma vue se trouble de nouveau. Ils n'ont pas écouté ce que je leur ai dit. Je ne suis qu'un artiste, pas un suppôt de satan."

"Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là ? Mais j'ai réussi à reproduire le bateau sur lequel j'ai voyagé. Je parle avec les autres dans la mesure du possible. Ils m'ont raconté le sort de Cornelis de Witt, torturé en 1672. Un homme d'état qui a refusé d'avouer et a été condamné au bannissement avant d'être victime d'un complot."

"Nous sommes entassés, mais je sais qu'au dessus, il y a un homme, un chevalier. Sa cellule est plus confortable. Elle possède un lit et une table."

"Près de la cellule du chevalier se trouve la cellule des femmes. J'en ai aperçue une remonter. Une beauté à qui ils ont coupé le nez pour l'enlaidir suite à un adultère."

"Tout en haut il y a une cellule spéciale pour les espions. Ils ont du confort aussi. C'est le vieil Abraham de Wicquefort qui l'occupe."

"Certains partent faire des travaux forcés pendant que moi, j'attends la peur au ventre que ma sentence soit appliquée."

"Scie à bois utilisée par les forçats pour divers travaux."

"Ils sont venus me chercher pour m'arracher de force des aveux, pas la vérité. Ils me descendent à la cave des supplices. Je ne veux pas passer à la question ! Ayez pitié de moi !"